mardi 28 avril 2015

Nous avons rencontré le Lilian qui ne rame pas

Photomaton, sur ce blog on n’est pas trop fan. Déjà on trouve le nom très mal choisi puisqu’à part des pompes y a pas grand-chose à mater vu de l’extérieur. L’emplacement des fameuses cabines n’est généralement pas mieux choisi ; en effet, elles sont situées dans des endroits plutôt bondés, par exemple une station de métro, un supermarché, etc. si bien qu’à la vue des guiboles en partie masquées par le rideau, deux ou trois cents passants et deux ou trois cents passantes ne manquent pas de se dire : « Tiens y a un con qui galère dans le Photomaton, on dirait qu’il est en train de chier ». Ils savent bien pourtant que ce sera tôt ou tard de nouveau leur tour d’y retourner au Photomaton, ce produit malheureux du croisement de l’isoloir et du trône ; en attendant ils rient, et ils ont bien raison.

Pouf

S’il y en a un qui rit pas, c’est bien le gland qui est dedans. Il est interdit de rire, dedans. Le premier gay qui rira aura une tapette ! On vous demande même explicitement de faire la gueule. Ne souriez pas, vous êtes filmé ! Ce sont bien les myopes, presbytes et autres casse-couilles qui ont le plus de chance dans cette histoire : sans leurs lunettes qu’il leur faut déchausser, ils sont bien peu sereins au moment de poser mais bien certains d’être moches.

Figurez-vous que dimanche après la messe, mon coblogueur et moi, de passage au Monoprix du coin, fûmes les curieux témoins de vociférations émises avec un drôle d’accent, suisse un peu. Nous tendîmes l’oreille depuis le rayon choux-fleurs et fûmes convaincus que les hurlements provenaient de la cabine Photomaton de l’entrée du magasin. « Encore un qui a foiré ses photos » soufflai-je au cousin. Nous ramenâmes nos fraises intriguées par le ramdam et notâmes qu’un béret gisait aux pieds du monsieur trônant. L’« Alléluia ! » de soulagement qui sortit soudain de la cabine résonna dans tout le magasin. Les photos d’identité sortirent elles aussi, identiques. Nous nous regardâmes éberlués : la gueule de Lilian en cinq exemplaires s'étalait sous nos regards hébétés.

Voice certifiée conforme à l'originale

Qu’est-ce que Lilian Renaud, grand gagnant de The Voice la veille, pouvait bien foutre dans le Photomaton du Monoprix dimanche à onze heures après la messe ? Les hypothèses les plus farfelues traversèrent nos esprits sous le choc. Nouvel embauché à la fromagerie du magasin ? Préparation de la pochette de son prochain album à coups de photos d’identité ? Mais le rideau coulissa et le frère franc-comtois de Line Renaud surgit, beau, fort. Il ramassa ses photos, cinq, le comté bon. Sans bruit de mots, sans l’atome de sa voix, le fromager à pattes molles s’apprêtait à lever l’ancre, quitter le port, salut ! quand Tal l’appela, pour le féliciter sans doute. « Hey baby, bêla le Doubiste, c’est la fête à Mamirolle ! Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Y a ceux qui pleurent, et ceux qui rient ! » Un nouvel appel l’obligea à raccrocher illico. « Oui, oui, coach, je t’entends bien ! » Faut croire qu’elle avait du réseau Zazie, dans le métro.

samedi 11 avril 2015

Poésie du chiotte

Quand t’as bu un verre de trop, rien de tel que les chiottes pour des cuvettes. Je ne sais pas toi mais moi quand je vais aux chiottes, c’est pas pour faire rire les mouettes et les wapitis, c’est pour évacuer. Satisfaire une envie carabinet. Payer en liquide.
Je présente mon laisser-pisser et j’entre, ça sent pas très bon d’ailleurs, c’est pas le but d’un chiotte de sentir bon. Tout pimpant, toiletté à la turque, je me réjouis à l’idée de pouvoir enfin pisser ailleurs que dans un violon. C’est pas grand un violon. J’entre donc, à gauche il y a les traditionnels chiottes assis, de quoi poser son auguste fessard sur des lunettes raie vanne à part. A droite il y a les traditionnels urinoirs qui ne me font en général rire ni noir, ni jaune, ni rien du tout. Faut faire avec, c’est tout. Et comme le disent les triplés de Lionel Vessie, « pisser debout ça les rassure, les z’hommes ».
Je me dirige avec aisance vers le plus beau des pissoirs (aucune envie d’aller à la selle) ; avec le concours de la meilleure braguette de Paris je tire du slop ce qu’il faut et je laisse pisser. Je pisse au tiers payant, en attendant la réforme. « Qui pisse loin ménage ses chaussures », je prends du recul en repensant la larme à l’œil, à ce fameux proverbe vieux comme Vespasien, tandis qu’inconsolable le colosse pleure, pleure (une vraie madeleine), pleure tant, que je ne le sens plus pisser. Si j’étais assis, ce serait le Saint-Siège, Pie, Pie, quel bonheur ! Je pisse-tout-gai ! Quand soudain mes yeux, jamais bien rangés, tombent sur cet écriteau de fortune, au sommet du pissoir :


Comment se retenir ! De louer l’audace ! De la poésie aux chiottes ! Pisse… And love !

Voilà, désolé d’avoir fait tout un papier là-dessus. Faut croire que j’en avais besoin.

mercredi 1 avril 2015

Poison d'avril

Le poisson d'avril est un cas nullard de blague qui cale en bourre. Toute une journée nous bouffons des salades et de la farce qui ne font pas rire les mouettes. Le premier avril, ouvrez les vannes ! Impossible de faire barrage à ces fumisteries, à ces facéties, à ces havresacs, à ces balourdises, à ces galéjades, à ces hâbleries, à ces boutades et à toutes ces formes de rodomontades.
Aussi vrai que le jour du poisson n'est pas le carpe diem mais le vendredi sain, je n'aime pas le premier avril. 

J'aime autant cette farce qu'une dinde.

En avril, Lavigne chante du punk rock pour ado avec sa guitare Hello Kitty. Non mais hello, qui t'es pour oser nous saouler Lavigne ? Tu ne mérites ni diots ni os, et surtout pas vin sur vin.
Tout comme le "C'est une fille d'avril" que nous chante Voulzy. Mais voulzy-vous bien vous taire ? Laurent, en avril ne vous découvrez pas d'une fille. 

Mais je divague à l'amer !

Ils ont l'air de bien se marrer

Le premier avril, si par mégarde je m'égare par Dieu ou de Lyon, c'est surtout à cause du train-train quotidien bouleversé, comme si tout le monde avait pris un rail de cette coke que les dealers locaux motivent à acheter sans le sou et sous le manteau. 
On se force à rire, pire, à faire rire. On colle des poissons, avec des faux filets quand notre voisin tournedos. J'aimerais être bouché pour charcuter toutes ces sottises et ne pas les entendre. 

Pour moi le premier avril n'est pas le jour des sourires mais des sous-rires. Pas celui des fous-rires mais des faux-rires. Faux-culs comme un hippo crazy. Hypocrite comme un hypocondriaque. Un Argan sans son huile. Un malade imaginaire, une marrade imaginaire. Un Harpagon de l'art pas bon. Un avare de mots-lierre, des mots envahissants comme une mauvaise herbe grimpante. Le premier avril devrait mourir sur scène, et son poisson dédié mourir sur le lit de la Seine.

Aussi : pourquoi tant d'aigreur dans ce billet ? Parce qu'à mon goût amer, l'acidité de la plaisanterie n'a pas besoin de jour spécial pour épicer notre quotidien. Oubliez le premier avril, et riez. Riez, bordel !  Tous les jours du calendrier, riez et faites la gueule le premier avril pour en rire ! Allez, riez.

En espérant que ma demande de marrage vous passe la blague au doigt, je vous souhaite, doux lecteurs, une bonne lune de fiel. 

Et voici pour vous un wapiti d'avril, parce que pourquoi pas ?