jeudi 17 septembre 2015

Connaissez-vous le Léopard Masqué ?

C’est rue Daguerre, à Paris, dans le 14e, il y a par là quatorze jours, un samedi, vers quatorze heures, je crois. La température ? Quatorze degrés à tout casser, la voix, la routine, la croûte, la baraque, la gueule, la tirelire, la nénette, la margoulette et même la clavicule. J’ai le ventre plein aux as, bien garni du Bento 2 que je viens d’absorber chez Yoki, rue du Maine. Mais pourquoi ce con, se demanderont les demandeurs d’emploi, nous parle-t-il de sushis dans un billet intitulé « Connaissez-vous le Léopard Masqué ? » ? Rassurez-vous, j’ai la réponse à cette question que je me pose aussi, en même temps que vous, là, devant cet écran maculé de taches oscillant entre la chiure de mouche et la crotte de nez.

En gros, je traîne ma grole rue Daguerre, vous savez, ce genre de promenade digestive, que l’on voudrait aussi solitaire qu’intestinalement ça va pas fort… Il faut croire, hélas ! que le vent du boulet parvint au numéro 90 car voilà pas qu’une crème de bonhomme se pointe sur le perron en me lançant : « Ça gaze ? »

C’est bien, ça, comme réaction ! Moi, je ne sais pas ce qui me prend, je réponds en russe quelque chose qui peut se traduire par « Daguerre et Pet ».

Non, non, la maison n’est pas close

Alcide – c’est le petit prénom du gars qui bulle quand moi je gaze – kife mon russe et m’invite à entrer dans la charmante boutique des éditions du Léopard Masqué. Mais pourquoi un tel nom ? Pourquoi ? Je fais remarquer, intelligemment me semble-t-il, que le Casoar Casqué aurait marché aussi… « Mouais, on y a pensé… Au Canard Laqué aussi… Le Richard Gasqué, pareil, on y a pensé, mais on a trop peur de se faire racketter ! L’Eurostar à Quai… Trop bateau ! » Moi je propose encore le Pélo Tard Pacsé, mais comme le Léotard Sexy, comme le Salopard Taxé, ils y ont pensé aussi ! D’ailleurs, ici c’est Gordon qui décide.

Je demande qui est Gordon quand surgit un jeune blanc-bec qui demande à Alcide s’il n’a pas quelques cartons à lui prêter pour son déménagement. « Ah non, désolé Léo ! » Léo part fâché.

Gordon, c’est Gordon Zola en fait. Sérieux. Le fondateur des éditions en 2004. « Un sacré numéro » d’après son acolyte. Sacré numéro un de la littérature humoristique en France en tout cas. Gordon Zola écrit des romans historico-déconnants et des polars humoristico-délirants qui n’ont pas tous le fromage pour sujet (Mozart est là, Les suppôts de Sitoire, Un manchot pour l'Empereur) ; il est le concepteur et l’auteur principal de la série de romans parodiques « Saint-Tin et son ami Lou » dont je ne peux m’empêcher de vous livrer quelques-uns des truculents titres : L’affaire tourne au sale, Le sceptre du tocard, Le « 13 heures » réclame le rouge, On a fait un marché sur la Lune… D’après sa page Facebook, tous ses livres ont obtenu des prix… allant de 11 à 21 euros ! 

Léopard te Voici

Alcide, il a de quoi être fier de sa boutique. On se sent chez l’Léopard comme chez Mémé. Couleur, chaleur, bel esprit ! Partout les couvertures très gaies de Tristan Badoual, partout les bons mots de Gordon envie de tout lire ! Il paraît que celui-ci vit avec sa chatte et ses trois piranhas domestiques, mais comme dit mon chouchou, « Zola ne nous regarde pas ! » Alcide, qui n’en manque pas une, me raconte le grand coup de neuf qu’il a donné tantôt à la boutique, les travaux, la peinture, quand Gordon, impatient, lui cria : « Alcide, action ! » Ils prirent des photos, naturellement, quand tout fut fini ; je me demande s’il a mis le flash, Gordon…

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