mardi 21 juillet 2015

Mais qui est Nigel Richards ?

Le nouveau champion du monde de Scrabble francophone est néo-zélandais, et voilà j’ai enfin casé mon Z ; en effet, vous ne le voyez pas depuis chez vous, mais sur le jeu il y avait déjà « landais » et moi je viens de rajouter « zé », trente, trente-et-un, trente-deux, trente-trois, trente-quatre, trente-cinq, trente-six, trente-sept, trente-huit, trente-neuf, pas mal, d’ailleurs y a qu’à mater la lippe de Mamie pour mesurer son désappointement de voir ainsi mon gros Z sur la lettre compte triple.

« Ça fait 39-8, Mamie. » Voilà qui sonne comme un score de Nouvelle-Zélande-Italie. Au bout de vingt minutes de jeu. Nigel Richards, avec un tel nom et une telle nationalité, aurait pu jouer au rugby, au pire arbitrer ; mais Nigel Richards, qui visiblement ne met ni gel ni rien dans cette be-bar qu’il a plutôt fournie, quitta tôt ses pénates pour aller faire un tour en Malaisie, ce qu’on appelle communément chez nous un tour malais ; bizarrement, les heures de colle du mercredi après-midi ne firent pas les mollets du petit Nigel, au grand dam de ses professeurs qui bientôt décrétèrent n’en pouvoir rien tirer. C’est dans cette période troublée de son existence que le petit All Black tout blanc apprit le Scrabble. Depuis, Nigel douche quiconque ose se frotter à son étoffe de champion.


En 2007, Nigel est champion du monde de Scrabble anglophone. En 2011, rebelote. En 2015 (on remarquera qu’en bon Néo-Zélandais, Nigel ne travaille que tous les quatre ans, en période de coupe du monde de rugby), proche de la retraite il se lance un ultime défi. Celui de devenir champion du monde de Scrabble francophone. Sans parler un seul mot de français.

Sa technique, très simple : deux mois pour apprendre le dico. Easy. Tous les mots de la langue française de deux à dix lettres. C’est ainsi qu’avec le J, Nigel apprit à proposer autre chose que « Jonah » et qu’avec le W il se mit à faire « wu », comme tout le monde, sans plus se souvenir s’il s’agissait là d’un dialecte, d’une monnaie, d’un singe ou d’un légume chinois, comme tout le monde. Wu, c’est trente-et-un points, barre.

Hier Nigel Richards, être singulier au patronyme pluriel, en recevant sa couronne, réussit son pari. Dans son discours de remerciement, traduit de l’anglais par Nelson Monfort, sept lettres, il insista sur le fait que beaucoup de Français parlaient la langue de La Fontaine plutôt mal et auraient fait par conséquent de grands champions. Rien ne sert de parler, il faut compter les points.

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