samedi 26 décembre 2015

Probel ! Probel harassé ! Probel brisé ! Probel exténué ! Mais Probel publié !*

Comme vous le savez peut-être, et si vous ne le savez pas, c’est que vous travaillez trop, mon livre Permis de croquer, sorti mi-novembre, rencontre un succès considérable. Il a déjà obtenu un prix ! Non, pas le prix qu’on-court après, ni le prix Renaudot, ni même le prix Dandprejudice, mais le prix de quinze euros, ce qui est aussi Cher que la chanteuse quand on y pense bien.

Le livre n’est pas donné, non, puisqu’il est en vente**. Si vous avez les boules, je comprendrai… Tout dépend des bourses.

Permis de croquer est un bel objet de format palindromique (12x21 cm), peu épais (56 pages) mais de fort grammage (120 g) ; autrement dit, tout en finesse, et dense ; illustré avec talent dans un atelier d'enfer ; imprimé avec amour au cœur de l'Yonne (rien à voir avec le camembert). Permis de croquer sent bon le beau bébé frais. D'ailleurs, qui/qu'y croque-t-on ? De bonnes poires, pardi ! Mes idoles ? Évidemment. Mes amis ? Carrément. Mes amours ? Ben ouais. Une vingtaine de portraits rythmés, pour la plupart en vers réguliers, brossés à grand renfort d'esprit, d'humour, d'audace. Une poésie porteuse de sens, travaillée, recherchée, sans être obscure. Et ce n’est pas moi qui le dis ! Enfin si, un peu quand même. Mais pas que !
« C’est un régal, ce petit recueil ! » Vincent Dedienne (comédien, chroniqueur)
« Prometteur ! » Gordon Zola (écrivain)
« Écrit au millimètre, drôle, impertinent, subtil, profond pour nous surprendre, attachant, bienveillant… Il s’en dégage une personnalité, quelque chose de jamais vu. C’est quand même tout un exercice que de rédiger ce bordel maîtrisé. Après, je ne suis pas bien futé et je n’y connais rien. » P-A Bardet (co-blogueur)
Sur des poèmes en particulier (P-A) :
« Une belle déclaration de fan couillu. Un poète qui veut pécho une star du grand écran, ça a le mérite d’accoucher de ce poème finalement drôle et gorgé d’admiration ; mais est-elle réelle ou surjouée ? »
« Parfois, plus c’est court, plus c’est bon ! »
« Pour une fois on ne rigole pas, on lit et on savoure ça comme du boudin. Ça fait du bien de ne plus se concentrer pour voir le jeu de mots, ce poème coule tout seul et c’est pour ça qu’on l’aime et qu’on le découvre comme toujours parsemé d’instants de bravoure en rimes et en mots savamment choisis. »
« On atteint le moment du recueil où on doit logiquement se faire chier, mais on n’y arrive pas ! »
« Je pense que Baudelaire bourré aurait écrit le même pour sa sœur. »
Merci de nous lire sur ce blog qui fête un an de buzz plus ou moins médiatiques !
Et de me lire tantôt sur papier j’espère ! Il est permis de craquer !




*T'es un auteur, t'as pas d'ego ? Non mégalo quoi !
**Télécharger, remplir et renvoyer le bon de commande, avec votre paiement. Vous pouvez également passer commande en librairie.

dimanche 15 novembre 2015

À l’Homme

Qui t’a poussé couillon
À semer la terreur
À tuer au hasard
De tes lois de tes peurs
À massacrer grand con
Tes propres frères et sœurs
Vas-y d’où sont sorties
Tes idées de répandre
Tes chapelles tes écoles
Ta putain de parole
Elle vient d’où ton envie
De crever ton voisin
D’épuiser par les armes
Tout le sang de tes races
T’en as pas marre enfin
De t’enfoncer profond
Dans tes guéguerres et dans tes divisions
On n’en peut plus l’humain
De tes balles tes conneries
De tes bombes tes tueries
Et on se demande bien
Ce qu’on t’a fait bon dieu
Pour en arriver là

dimanche 27 septembre 2015

Galles a la dalle !

Depuis des semaines et des mois, l’Angleterre-Pays de Galles du 26 septembre, 127e choc entre les voisins honnis, sentait bon le match crucial des phases de poule de cette huitième Coupe du monde de rugby. Une confrontation aux allures de huitième de finale dont le résultat devait entailler les chances de qualification du perdant, les Britanniques partageant la « poule de la mort » avec un autre ténor du rugby mondial, l’Australie. Au coup de sifflet, les Gallois sont amoindris par les blessures récentes de deux titulaires : Halfpenny, pas de chance pour un sou, Webb, joueur de classe World Wide. Contre l’Uruguay, le Poireau a même perdu Allen. Les Anglais, eux, devront se passer des services du charpenté Joseph.

A Twickenham, après les hymnes, il déclare la War ouverte, Burton. Dans une formidable débauche d’énergie cautionnée par le Pape Jean-Pierre, les deux armées s’envoient tour à tour à la face leurs missiles bibliques ; pour éviter que sur le pré ne règne la loi de Lawes, Roberts propulse dans le buffet anglois son quintal à volonté. A la 20e, les tentatives de débordement de ce cher Watson restent vaines : 6-6 grâce aux fiables bottes des 10. Cependant, léger avantage aux Anglais, en particulier en mêlée : Dan s’y Cole.

A la mi-temps de la première mi-temps, fait marquant, Lydiate, tracteur n°6, fidèle à sa réputation, d’un plaquage aux chevilles, tête la première, chope Wood qui allait au charbon ; Laporte crie au complot, les esprits s’échauffent, les corps s’empoignent ; le marron démange Mike Brown ! Mais face aux perches, le pack gaulois pris par la patrouille permet à l’Albion de prendre les commandes pour la première fois du match (9-6). Quand à la 27e Jonny May profite d’une erreur de marquage de George North, à l’ouest, pour planter petit côté le premier essai du match, pour Wales le cochon est dans le maïs ; on voit mal un adversaire si perfide lâcher un avantage de dix points (16-6). Brad barrit de plaisir, cependant Wales reste dans le coup : la percée plein champ de Scott Williams fait oublier les ballons perdus en touche ; Biggar réduit l’écart avant la pause (16-9). 

 The Chopper en action

Au retour des vestiaires, Lancaster launch Bury et l’excellent Ben Youngs sets the night on fire ; Farrell enquille, so does Biggar, profitant de l’indiscipline anglaise (22-15, 54e). Les Diables rouges ont-ils les balls assez grosses pour renverser ce match ? Emmené par un Faletau des grands soirs, monstrueux derrière sa mêlée, revigoré par les rentrées de Ken et de Samson, le pack n’a pas dit son dernier mot, Jeanpierre ! Après une nouvelle pénalité de Jean-Marie Biggar (22-18), le schmilblick prend pour Wales une tournure de scénario catastrophe avec la sortie sur civière du très en vue S. Williams, à la 62e. Avec la volonté évidente d’enfin se détacher au score, les Anglais envoient tout le jeu qu’ils trouvent sous la pédale de Chris : sur l’aile gauche il n’y a pas de May qui tienne en place, et sur une énorme action anglaise, la défense galloise aux abois, qui plie mais ne rompt pas, perd son ailier Amos blessé à l’épaule, et son arrière L. Williams, K-O. Jenkins, 46 ans, est à la faute. 25-18 (69e). Roussi.

Puis il y a cette action venue d’ailleurs, deux minutes plus tard, où Roberts fait une passe, décalant un énième Williams, Lloyd celui-ci, qui prolonge d’une merveille de coup de pied de recentrage pour son demi de mêlée. Essai de Monsieur le 9 entre les poteaux. 25-25. Ni vu ni pola.

A six minutes du terme, de près de cinquante mètres, Big Art, l’artisan de la victoire, passe sa septième pénalité de la soirée, redonnant l’avantage aux siens. La Rose aurait pu égaliser en toute fin de match mais elle préféra jouer la gagne en tapant en touche. Le char Teris à lui seul bouta hors du terrain le groupé pénétrant qui s’ensuivit. Garcès la fin du match siffla ; unhappy, Farrell Williams félicita. 

jeudi 17 septembre 2015

Connaissez-vous le Léopard Masqué ?

C’est rue Daguerre, à Paris, dans le 14e, il y a par là quatorze jours, un samedi, vers quatorze heures, je crois. La température ? Quatorze degrés à tout casser, la voix, la routine, la croûte, la baraque, la gueule, la tirelire, la nénette, la margoulette et même la clavicule. J’ai le ventre plein aux as, bien garni du Bento 2 que je viens d’absorber chez Yoki, rue du Maine. Mais pourquoi ce con, se demanderont les demandeurs d’emploi, nous parle-t-il de sushis dans un billet intitulé « Connaissez-vous le Léopard Masqué ? » ? Rassurez-vous, j’ai la réponse à cette question que je me pose aussi, en même temps que vous, là, devant cet écran maculé de taches oscillant entre la chiure de mouche et la crotte de nez.

En gros, je traîne ma grole rue Daguerre, vous savez, ce genre de promenade digestive, que l’on voudrait aussi solitaire qu’intestinalement ça va pas fort… Il faut croire, hélas ! que le vent du boulet parvint au numéro 90 car voilà pas qu’une crème de bonhomme se pointe sur le perron en me lançant : « Ça gaze ? »

C’est bien, ça, comme réaction ! Moi, je ne sais pas ce qui me prend, je réponds en russe quelque chose qui peut se traduire par « Daguerre et Pet ».

Non, non, la maison n’est pas close

Alcide – c’est le petit prénom du gars qui bulle quand moi je gaze – kife mon russe et m’invite à entrer dans la charmante boutique des éditions du Léopard Masqué. Mais pourquoi un tel nom ? Pourquoi ? Je fais remarquer, intelligemment me semble-t-il, que le Casoar Casqué aurait marché aussi… « Mouais, on y a pensé… Au Canard Laqué aussi… Le Richard Gasqué, pareil, on y a pensé, mais on a trop peur de se faire racketter ! L’Eurostar à Quai… Trop bateau ! » Moi je propose encore le Pélo Tard Pacsé, mais comme le Léotard Sexy, comme le Salopard Taxé, ils y ont pensé aussi ! D’ailleurs, ici c’est Gordon qui décide.

Je demande qui est Gordon quand surgit un jeune blanc-bec qui demande à Alcide s’il n’a pas quelques cartons à lui prêter pour son déménagement. « Ah non, désolé Léo ! » Léo part fâché.

Gordon, c’est Gordon Zola en fait. Sérieux. Le fondateur des éditions en 2004. « Un sacré numéro » d’après son acolyte. Sacré numéro un de la littérature humoristique en France en tout cas. Gordon Zola écrit des romans historico-déconnants et des polars humoristico-délirants qui n’ont pas tous le fromage pour sujet (Mozart est là, Les suppôts de Sitoire, Un manchot pour l'Empereur) ; il est le concepteur et l’auteur principal de la série de romans parodiques « Saint-Tin et son ami Lou » dont je ne peux m’empêcher de vous livrer quelques-uns des truculents titres : L’affaire tourne au sale, Le sceptre du tocard, Le « 13 heures » réclame le rouge, On a fait un marché sur la Lune… D’après sa page Facebook, tous ses livres ont obtenu des prix… allant de 11 à 21 euros ! 

Léopard te Voici

Alcide, il a de quoi être fier de sa boutique. On se sent chez l’Léopard comme chez Mémé. Couleur, chaleur, bel esprit ! Partout les couvertures très gaies de Tristan Badoual, partout les bons mots de Gordon envie de tout lire ! Il paraît que celui-ci vit avec sa chatte et ses trois piranhas domestiques, mais comme dit mon chouchou, « Zola ne nous regarde pas ! » Alcide, qui n’en manque pas une, me raconte le grand coup de neuf qu’il a donné tantôt à la boutique, les travaux, la peinture, quand Gordon, impatient, lui cria : « Alcide, action ! » Ils prirent des photos, naturellement, quand tout fut fini ; je me demande s’il a mis le flash, Gordon…

mercredi 29 juillet 2015

Réhabilitation du Pim's à l'orange

Si vous suivez l’actualité, vous devez savoir que cette semaine est placée sous le signe de la polémique-ados, adultes, vieux, nous sommes tous concernés - polémique disais-je, aussi inextricable qu’internationale. Comme les médias ne comprennent goutte à l’affaire qui déchire le monde et refait surgir les fantômes de sa division en deux blocs, ils ont pour l’heure préféré la taire. La question est pourtant simple : quelle place le Pim’s à l’orange tient-il dans nos bouches et dans nos cœurs ? Insistons sur le fait que le débat ne porte que sur la version orange du biscuit, surtout pas framboise, et encore moins Pomme’s.

Figurez-vous que lundi matin à la première heure, impatiente de donner son avis d’experte sur la question, Daily Cieuse, leader givrée* de la team S’Caille, maillot à point de la meilleure grimpeuse après je ne sais combien d’années de blogging en pente abrupte, lança dans le premier petit col, Hié de Lu, une attaque décisive : elle n’hésitait pas à qualifier le Pim’s à l’orange de « produit vaisselle en gelée » bon à « remplacer une bonde de baignoire », et à traiter ses consommateurs de demeurés. La miss avait si bien tourné son article qu’en un clin d’œil le Pim’s à l’orange dégoûtait la terre entière.

J’avais beau être en vacances, je ne pouvais laisser pareille infamie se tramer à mon nez et à ma barbe si j’en avais. Je me rappelais trop les injustices faites aux Petits Beurres ; pour rien au monde je ne tolèrerais la répétition de telles injures. Mais perdu que j’étais dans la pampa, et sans connectivité, je m’aperçus Dieu merci, assez tôt ! que les conditions dans lesquelles je me trouvais n’étaient pas optimales pour retourner un procès mal embarqué ; j’allai donc acheter une carte Sim’s à Orange, la ville la plus proche ; ce fut une charmante dame, une bonne pâte, génoise en plus, qui me reçut. Je me demande pourquoi je vous raconte tout ça, je voulais juste dire qu’une fois équipé d’un téléphone, je pus dicter à Mister Menupénis, mon secrétaire, cet article, oui celui-ci, et qu’après un certain temps Mister Menupénis me dit que ça faisait déjà trois paragraphes que je lui dictais et que par conséquent, il était judicieux de songer à conclure.

Je lui répondis sèchement que les conclusions, c’était pas du tout mon tuc, que je préférais les apéros. Eh là, devinez quoi ! Mister Menupénis se met à me traiter de tous les noms, il me hurle que mon client le Pim’s à l’orange est pas dans la merde avec un incapable comme moi ! Eh pim ! Ça fait… non pas des Chocapic, mais mal à mon ego, alors je n’hésite pas une seconde : « Tu es viré ! que je lui crie, sur la paille-dehors ! »

De dépit je raccroche, hors de moi je mets un grand coup de dent dans mon client. Quelle erreur ! Mais quel délice ! Le Pim’s n’est-il point le résultat raffiné du savant mélange de trois saveurs et de trois textures ? Ô douce Daily Cieuse, pourquoi s’en prendre à cet être chétif à la fois si craquant et si moelleux ? Tant d’acharnement me dépasse. Je me souviens du temps des récrés où, jeunes, nous sortions nos goûters et où, de peur qu’on me les vole, mon meilleur ami me disait : « T’entends, cache tes Pim’s, allô, range-les dans ton slip ! »

*pour ne pas dire gelée.

mardi 21 juillet 2015

Mais qui est Nigel Richards ?

Le nouveau champion du monde de Scrabble francophone est néo-zélandais, et voilà j’ai enfin casé mon Z ; en effet, vous ne le voyez pas depuis chez vous, mais sur le jeu il y avait déjà « landais » et moi je viens de rajouter « zé », trente, trente-et-un, trente-deux, trente-trois, trente-quatre, trente-cinq, trente-six, trente-sept, trente-huit, trente-neuf, pas mal, d’ailleurs y a qu’à mater la lippe de Mamie pour mesurer son désappointement de voir ainsi mon gros Z sur la lettre compte triple.

« Ça fait 39-8, Mamie. » Voilà qui sonne comme un score de Nouvelle-Zélande-Italie. Au bout de vingt minutes de jeu. Nigel Richards, avec un tel nom et une telle nationalité, aurait pu jouer au rugby, au pire arbitrer ; mais Nigel Richards, qui visiblement ne met ni gel ni rien dans cette be-bar qu’il a plutôt fournie, quitta tôt ses pénates pour aller faire un tour en Malaisie, ce qu’on appelle communément chez nous un tour malais ; bizarrement, les heures de colle du mercredi après-midi ne firent pas les mollets du petit Nigel, au grand dam de ses professeurs qui bientôt décrétèrent n’en pouvoir rien tirer. C’est dans cette période troublée de son existence que le petit All Black tout blanc apprit le Scrabble. Depuis, Nigel douche quiconque ose se frotter à son étoffe de champion.


En 2007, Nigel est champion du monde de Scrabble anglophone. En 2011, rebelote. En 2015 (on remarquera qu’en bon Néo-Zélandais, Nigel ne travaille que tous les quatre ans, en période de coupe du monde de rugby), proche de la retraite il se lance un ultime défi. Celui de devenir champion du monde de Scrabble francophone. Sans parler un seul mot de français.

Sa technique, très simple : deux mois pour apprendre le dico. Easy. Tous les mots de la langue française de deux à dix lettres. C’est ainsi qu’avec le J, Nigel apprit à proposer autre chose que « Jonah » et qu’avec le W il se mit à faire « wu », comme tout le monde, sans plus se souvenir s’il s’agissait là d’un dialecte, d’une monnaie, d’un singe ou d’un légume chinois, comme tout le monde. Wu, c’est trente-et-un points, barre.

Hier Nigel Richards, être singulier au patronyme pluriel, en recevant sa couronne, réussit son pari. Dans son discours de remerciement, traduit de l’anglais par Nelson Monfort, sept lettres, il insista sur le fait que beaucoup de Français parlaient la langue de La Fontaine plutôt mal et auraient fait par conséquent de grands champions. Rien ne sert de parler, il faut compter les points.

mercredi 15 juillet 2015

Lettre à Chris

Cher Chris,

Dans les Pyrénées tu nous as rappelé tes pires ainés. Armstrong, le bras fort, trop fort, si fort qu’il jouait de la trompette sur la Lune. Tu nous as fait penser à Ricardo, t’as le look coco Ricco ! Ou bien encore au danois aux pattes de coq, Rasmussen, qui nous a bien plumés. 
Comme eux, quand Christopher devient Chris trop fort, évidemment émergent des doutes. Alors, avant qu’on ne fasse de toi l’Antéchris en te jugeant trop vite, je prie pour que tu nous offres un cadeau avant la fin de ce Tour que tu domines des pédales et du casque : 

Un peu d’humain, que diable ! 
Une goutte de sueur peut-être, un instant de panique, un vertige, une fringale, pourquoi pas ! Mais sois humain, Chris, montre-nous que sous ce casque il y a une tête fragile qui commande des jambes à son image : friables, imprévisibles, incertaines. 

Que tes attaques du tac au tac soient le fruit d’un entrainement qui en aucun trait ne ment. 
Que ta vélocité soit naturelle, que ta préparation soit nature, elle. 
Les Alpes t’attendent au tournant, que ta trajectoire reste propre, garde ta ligne Chris. 

We believe you can touch the Sky. Mais touche-le proprement. Ce sport qui fait la lessive comme aucun autre, qui lave plus blanc que blanc, a encore besoin d’amour. On ne souhaite que croire en ta propreté, mais aide-nous et ne nous déçois pas.
Nous ne voulons pas de Chris crucifié mais croire en un Froome cru, et s’y fier. 

À bon entendeur,

La Musette


lundi 13 juillet 2015

Lundi 13 juillet : repos, ma foi

En ce jour de pont-repos, vous êtes nombreux à prendre des nouvelles de @DansLaMusette. Vous faites bien. Un tel silence de sa part est suspect. Vous avez raison de croire que le rythme effréné des publications l’épuise. Figurez-vous qu’hier au soir après avoir lu comme chaque soir son billet, j’appelle mon brillant compagnon d’écriture pour le féliciter. Mais j’ai grand mal à le joindre, pourtant il n’est que 21h alors forcément je pense au pire, quand son répondeur joue son petit message : « Salut, je boulotte mes panzani en slop avec Zdenek Slibard. » L’overdose ! L’overdose de braquets et de Titi Adam ! La Musette a perdu la raison ! Je ne vous cache-cache pas que je suis franchement en stress, je ressaie, ressaie, ressaie de l’appeler et voilà qu’il décroche enfin :
« Publiéééé ! me crie-t-il d’une voix à la con.
Je sais que tu as publié, j’adore ! » que je le félicite. « Mais pourquoi ne réponds-tu pas ?
Nan mais là j’déprime, chef, j’étais invité ce soir à une teuf entre cyclistes avec DJ Van Garderen et Nicolas dit Geay aux platines, mais j’peux pas y aller, j’ai trop maaal aux clavicules ! Je sais bien qu’Eric m’enverra des photos, mais merde ! La publication m’exténue ! J’ai les poignets qui craquent ! Et je suis obèse, je ne bouffe plus que des kébabs et je leur dois d’ailleurs pas mal d’argent aux Grecs ! Un sac, que je suis devenu ! P’tin tu sais pas c’que c’est de faire sa loque entre la télé, Twitter et un blog ! »
Voilà qu’il éclate en pleurs.
« Et ma petite muse m’a quittééé ! Je suis largué, lâché, que dis-je lâché, distancééé ! D’ailleurs je la comprends, je n’ai plus de temps pour personne ni pour rien faire, quand j’m’endors j’vois des roues, quand j’me réveille j’vois des roues ! Des p’tites roues, des p’tites roues, des p’tites roues partout ! »
Je ne sus que dire. Je me sentis coupable de l’avoir embringué dans l’aventure des cousins qui piquent. La chose était terrible. Mon ami venait de perdre, et la force des clavicules, et l’aura de sa musette. Ça fait beaucoup pour un seul homme.
« J’arrête ! » qu’il me gueule soudain à l’oreille. Sentence irrévocable. Une larme me vint à l’œil. Mais il reprit :
« J’ai quand même une idée pour l’étape de demain… Tu sais, Tarbes, les ch’Tarbais, tout ça… »

Doux lecteurs, de peur que @DansLaMusette nous quitte, vous avez fait haka dans vos frocs, y a ka maté vos gueules, je vous ai bien eus ! Pour passer plus agréablement ce jour sans vélo, je vous propose un top 10 des meilleurs mots dont vous et moi avons pu nous délecter sur ce blog pendant, Madame, Monsieur, les neuf derniers jours !
10. Tom Dumoulin voit son rêve de maillot blanc et jaune se casser dans l’œuf.
9. La frontière belge est passée, rien à déclarer, sinon notre flamme toujours plus ardente pour la petite reine de nos cœurs.
8. Pas besoin d’être une flèche pour comprendre que le Tour se Wallonne au jour d’Huy.
7. Les freins de Froome crissent et sous les pavés, la page se tourne.
6. Froome, Chris aux p’tits soins dans la lunette des caméras et dans l’œil du cyclone !
5. Durasek, enfin, les accompagne, après avoir bien rechargé les batteries, le Croate tombe pile dans l’échappée.
4. Adam et Dave sont aux commentaires de la genèse de ce cru 2015.
3. Côté étape, la belle était plutôt plate pour des hommes en forme. Son seul piment : de beaux gros pavés.
2. Le Britannique tout le monde sur la ligne !
1. Si les guidons en forme de corne m’usent, ils ne lassent pas le peloton où solides comme des menhirs, les idoles mènent.
Restez connectés, car le meilleur reste à venir !

dimanche 12 juillet 2015

Étape 8 : Vuillermoz et ça marche !

La Bretagne est une terre de vélo, et ce n’est pas volé. 

On y entend le loup, le renard et la bicyclette. Tri martolod ! Tri Yann ! Tricycle ! Biniou ! Ribiniou ! Trop beau Léon ! 

La Bretagne, même si ce n’est pas la grande comme celle de Froome et son peuple de roux, a au moins pour elle la passion d’un peuple pour le deux-roues. 
Si les guidons en forme de corne m’usent, ils ne lassent pas le peloton où solides comme des menhirs, les idoles mènent. Le cortège de jambes a donc continué sa danse traditionnelle, laissant la Normandie à son Mont-Saint-Michel et gardant son cœur de pilote Vaillant, mon sain Michel. 

On connaissait déjà le mur de Huy, belge il était, une fois ! Mais cette fois-ci, direction Mûr-de-Bretagne. Le mur de Mûr-de-Bretagne exactement. Pente raide et explosive au milieu des champs, dans les terres bretonnes, presque inopportune tant elle semble avoir sa place ailleurs qu’ici. 

Le peloton se lance comme un mort de faim vers l’arrivée, laquelle se dresse face aux casques à pointe de vitesse, imposante comme un mort béant avec ses côtes d’art mort. À l’arrivée il n’y a pas photo finishtère ! Cocorico, un gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur : Alexis Vuillermoz gagne en costaud, Astérix et périls ! Au nez et à la barde de Froome et du gratin mondial où, moins à la fête, Nibali est ressorti à plat comme une crêpe, triste cidre. Pas de bolée pour lui.

Alexis le gaulois a fumé tout le peloton. Et c’est les bras levés qu’il se Jura, dans cette franche contrée, qu’on pouvait désormais franchement compter sur lui.


Viser la lune, ça ne lui fait pas peur. Mais toujours le poing levé


vendredi 10 juillet 2015

Étape 7 : Cavendish, comme un fou gère

Au départ de Livarot, Chris n’en a pas fait tout un froomage. On lui a pourtant proposé un petit jaune et il l’a poliment décliné, refusant de porter ce pastis pastiche à sa bouche. Et il rit car on lui reproche d’être hypochris. 
Affûté et affiné tel un bon fromage, comme Wiggins l’amateur de rock fort put l’être avant lui, Froome d’Ambert et contre tous a donc porté à sa façon un toast en l’honneur de Tony Martin. L’absence de jaune sur la route du Tour est donc déclarée, et c’est un Froome aux pattes molles qui laisse le célèbre maillot au Havre, à bon port, salut ! 

Sur la route, il y a Delaplace pour tout le monde. Et Anthony, le local du jour s’est fait plaisir à l’avant du cortège. Le normand nomade, normal, pas morne, ne manque pas de mordant, dis ! Il se fait suivre par un breton, séché après les averses de la veille : Brice Feillu, droit et grand comme un arbre. Teklehaimanot est aussi de l’aventure, décidément, loin de l’Érythrée et de sa dictature, il aime que son diktat dure. Durasek, enfin, les accompagne, après avoir bien rechargé les batteries, le croate tombe pile dans l’échappée. 

Le reste sera morne plaine. Un long jeu de chat et de souris, à toi, à moi, les échappées suent pendant que le peloton pacha sourit. Le longiligne érythréen prend du pois, conserve sa varicelle qu’il ne veut pas contagieuse, et bosse fort comme un détroit turc dans les bosses. Puis la fatalité s’abat : les déserteurs de Gobi sont gobés. 

Aux abords de l’arrivée à Fougère, Cavendish, comme un fou gère. Son sprint est véloce, féroce, et enfin il ne bute plus sur cet os, Greipel le boss et son carrosse. Un an après le traumatisme d’Harrogate, le britannique tout le monde sur la ligne et peut enfin exulter, les poings au ciel en hurlant qu’il est redevenu le Mann de la situation. 


Le britannique Mark des poings

jeudi 9 juillet 2015

Étape 6 : la chute de l'impérial germanique

Abbeville-Le Havre, de la belle ville au havre de paix, le peloton a musardé de musette en musette jusqu’à la fin du bal au bord des docks, où le poids et l’ennui lui ont courbé le dos.
Au départ, trois hommes se partageaient des parts de gloire. Teklehaimanot, érythréen pas éreinté par la tâche loin de ses attaches, l’Afrique noire, sur les routes d’une France noire de monde. Perrig Quémeneur, au péril de sa forme, qui compile les échappées belles, qui bouffe du vent à la pelle. Van Bilsen, délaissé par son leader blessé et lassé au bord de la route, tentant de porter une Cofidis abandonnée, dans un effort solitaire et solidaire en hommage à son général Nacer.

À l’approche des docks, Doc Martin, tout de jaune vêtu dans son solide paddock Etixx, a gardé le cap plein phare, far far away jusqu’à la flamme rouge, où l’Enfer l’a rattrapé : à vouloir jouer des coudes il s’est brisé l’épaule, à trop vouloir briller il s’est brûlé les ailes dans son excès de zèle. Zèle fracturé. Et la facture de la clavicule est corsée. Le maitre du temps ne put être maitre de son tempérament. Quelques petites côtes de porc à passer jusqu’à bon port, et c’était réglé pour le panzer, qui n’avait plus qu’à boulotter ses panzani. Et voilà qu’il broie du jaune, clavicule en écharpe et moral en berne, tristes compagnes l’obligeant à rejoindre Cancellara le bernois au panthéon des jaunes déchus et déçus.

Zdenek Stybar, quant à lui boira son champagne tiède à demi-goutte, son leader étalé sur la route lui laissant comme un nœud à l’œsophage. Le mal au cœur ce soir chez Etixx ne sera pas celui de l’ivresse mais celui de la tristesse, celle de perdre sur la route un roi soleil tombé sur le sol normand.


La garde rapprochée de Martin, entre détresse et liesse

mardi 7 juillet 2015

Étape 4 : Tony par cœur et courage

Partir de Seraing est quelque chose d’osé dans le monde de la chasse à la piqûre. Mais pas de pavé dans la mare, le dopage reste au dos des pages sombres que l’on espère tournées depuis longtemps, en espérant qu’il n’y ait d’opé que des coureurs clairs comme de l’eau de Stephen Roche.

C’est donc gorgé de sérénité que le convoi coloré de la route du Tour s’est élancé vers Cambrai. Côté étape, la belle n’avait pas de cambrure et était plutôt plate pour des hommes en forme. Son seul piment : de beaux gros pavés. 

Le traumatisme des chutes d’hier a peut-être calmé les ardeurs abruptes des hardeurs flahutes, mais les secteurs, d’habitude si sectaires, à un point tel qu’ils sélectionnent soigneusement leurs spécialistes, n’ont réussi à piéger personne. 
Sinon le malheureux Pinot, simple flop. Pour le franc-comtois, c’est encore un franc compte à rebours à débourrer. Dans le fond comme dans la forme, c’est une petite forme qui lui fait toucher le fond. 

La frontière belge est passée, rien à déclarer, sinon notre flamme toujours plus ardente pour la petite reine de nos cœurs. Les coureurs font voler la poussière et dépoussièrent encore un peu plus le passé glorieux de leur sport. L’équilibre instable des vélos nous captive, il flotte au dessus des coureurs une épée de Damoclès en fer du Nord. Quelque chose d’épique navigue dans l’air, un parfum de légende.

Les freins de Froome crissent et sous les pavés, la page se tourne. La victoire offre son V au tonique Martin, enfin récompensé après tant de chances perdues au millimètre pour le méga-maitre du temps. Tony, on le connait Parker, alors frère Jacques, sonnez les Martin ! Le king dingue, donc. 

Le jaune, volage et qui multiplie cette année les conquêtes, les compagnes au fil de ses quêtes et de ses campagnes, aime récompenser les audacieux. Légitimement il vient donc s’installer sur les épaules solides du rouleur l’allemand, qui enfin, ne se sent plus roulé.

Opération coup de poing réussie pour Martin

lundi 6 juillet 2015

Étape 3 : le jour d'Huy et le KO

Pas besoin d’être une flèche pour comprendre que le Tour se Wallonne au jour d’Huy. Depuis l’Anvers du décor, les coureurs ont foncé droit dans le Mur en passant par le parcours de la célèbre classique ardennaise. Un grand Tour qui révise ses classiques, c’est plutôt original comme idée et ce n’est pas une blague belge. Aujourd’hui, il fallait donc avoir la frite dans le cuissard qui moule. 

Devant la monotone échappée matinale, on commençait à songer à s’ennuyer, jusqu’au mur final, tout le contraire d’un Huy clos tant la foule était dense pour sa danse avec les stars. Soudain…

Le chaos. 

William Bonnet percuta la roue d’un Bora pourtant pas en vacances sur l’île éponyme, Argon les amarres, et chute du mur de Berne Cancellara. Entremêlement. Sac de nœuds. Vélos qui volent. Maillot jaune à terre, drapeau jaune au ciel : course neutralisée. Neutralité suisse qui déteint sur l’organisation de la course et de sa direction. Christian, homme prudent, décide de stopper l’hémorragie depuis sa voiture rouge sang. 

Cancellara se relève, qui m’aime me suisse !

Le peloton tergiverse, s’arrête, repart, mais les britanniques secouent le cocotier devant les Bora Bora, they believe they can touch the Sky. La course avance et recule, avance Hercule ! Spartacus est touché mais pas coulé.
Le pauvre Bonnet, équipier exemplaire et bonne poire William voit son chemin s’arrêter au pied du Mur, tout comme Simon Gerrans ou encore Tom Dumoulin, le hollandais volant qui voit son rêve de maillot blanc et jaune se casser dans l’œuf. 

La route du Tour ressemble à un départ en vacances même s'il revient de l’Enfer : bouchons devant et trous à boucher pour les distancés qui échouent, échoient et choient dans les choux. 
Pied à terre, comme devant un passage à niveau qui ne voudrait pas faire passer son train, le peloton stagne dans un train-train pas si quotidien. 
Les plaies sont pansées, on peut repartir, la boule au ventre, l’estomac noué. On n’ose attaquer. 

Mais la course finit par se décanter au pays de l’angelot Manneken Pis, et Angelo Tulik secoue le peloton. Raté, la meute est groupée au pied du mur. Des favoris vont aux fraises et cueillent des mûres de Huy : Pinot notamment est vain. Et Froome se promène. Un peu moins que Mur-ito Rodriguez qui fume le cigare devant, même si Tony galope, hein ! Tentative de cocorico, on découvre aussi avec plaisir la belle place de Vuillermoz, qui se Jura, mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus. 
À la fin, comme hier, Tony Martyre échoue encore pour une seconde dans la course au soleil. Et c’est Froome qui jaunit déjà, comme une jonquille un peu trop précoce. 

Demain, le chemin des coureurs sera pavé de gloire, mais risqué. Impossible de souffler, au contraire, il faudra (encore) souffrir. 

William Bonnet, forçat de la route

dimanche 5 juillet 2015

Étape 2 : dur dur d'être une bordure !

Sur le vélo on connait le coup de bambou, le coup de mou, le coup de poing dans Merckx et le coup de moins bien. Il existe aussi le coup de bordure et aujourd’hui on en a bouffé à tous les coups aux Pays-Bas, de ce coup bas à bas coût !

Le coup de bordure, c’est comme croiser ton ex dans la rue : tout le monde y pense, tout le monde le craint et veut l’éviter mais elle finit toujours par arriver. Et quand ça arrive, tu es largué (comme par ton ex, d’ailleurs, mais ça c’est une autre histoire).

Ainsi, on pouvait lire entre les lignes de cette première étape en ligne que son sous-titre serait « ça va bordurer ». Et pour notre plus grand plaisir le chapitre du jour s’est montré à la hauteur de sa couv’ au premier abord, dur. 

Comme son nom l’indique, le but de de cette manœuvre est de foutre tout le monde sur le bas-côté quand souffle un fort vent latéral, afin de laisser des gros poissons dans la pampa, échoués et dans les choux. La pluie est une option intéressante car la bordure mouillée est un terrain encore plus glissant. 
Il suffit donc qu’une équipe d’épouvantails fasse l’éventail, alors le vent taille le peloton en deux, en trois ou en cent-dix-huit morceaux (il faut que des favoris soient piégés, sinon ce n’est pas drôle). Un cas sûr de bonne bordure, c’est une cassure. Et aujourd’hui, à la manière de Rohan de Nice ou de Brice Dennis, le peloton s’est fait casser.

L’île nouvelle de Zélande était le théâtre idéal pour mettre des hommes à la mer et des hommes à l’amende. Bonne nouvelle, Zélande a tenu ses promesses ! Des favoris se sont fait haka dessus, y’avait ka maté leur visage à l’arrivée : sous la pluie, des litres de sales gueules pour Quintana, Nibali, Pinot, Bardet, Kruiswijk, Yates, Peraud… Dure, la bordure, et ça dure ! Il restait cent kilomètres à parcourir quand tout péta en petits tas. 
Seuls quelques favoris parvinrent à tenir et à se friser les moustaches au nez et à la barbe de leurs concurrents directs : 
-Froome, Chris aux p’tits soins dans la lunette des caméras et dans l’œil du cyclone.
-Alberto, qu’on t’adore quand tu sais faire la course devant ! 
-Le TVG Tejay Van Garderen, arrivé à l’heure, OK au quai, malgré la grève des contrôleurs d’échappées. 

Avant l’arrivée, Perrig (quel meneur !), Fonseca (encore Séché avant la pluie), Barta (tchèque it out) et un Stef plutôt clément avaient tenté de se barrer. En vain. 
Pour la victoire d’étape, et Brassens nous avait pourtant prévenu, c’est Greipel qui grappille, le Gorille de Rostock, mastoc, s’impose devant un Caven-desh’ livré à lui-même dans le final. Sagan, sans en faire un roman de Françoise, attrape la 2ème place. Cancellara, quant à lui se pare de jaune en terminant 3ème. Les bonifications l’ont bonifié, et comme un bon vin, le couteau suisse s’améliore avec les années. D’ailleurs, Tony Martyr la gueule. Condamné par la 4ème place de son sprinteur, le panzerwagen se contentera d’être vert de rage en voyant le jaune fuir ses épaules sous l’orage de Zélande. 

Mais bonne nouvelle pour les revanchards, demain sera le jour d’Huy pour oublier hier, alors ne faites pas le mur, gardez-en dans la musette. Bonne nuit !



samedi 4 juillet 2015

Étape 1 : Juan de Nice sur sa vague

Il est 14h et la rampe Festina réglée comme une pendule balance Daniel Teklehaimanot, accompagné de son nom incommensurablement chiant, dans le grand bain de la foule d’Utrecht. Premier africain noir à tenter de tâter le jaune, il rentre dans son effort et dans l’Histoire du Tour. Voilà pour la postérité, après l’année dernière et le chinois Ji Cheng « tueur d’échappée », le Tour vient d’achever sa mondialisation. La grande boucle est bouclée.

Pour la grand-messe du vélo, Adam et Dave sont aux commentaires de la genèse de ce cru 2015. Dialogue, monologue, prologue. Comme à son habitude, il rame Adam, il pédale dans la semoule. Et au jardin d’Eden, pas de hasard : Nicolas Geay, à vol d’oiseau, relève le niveau.

Les affaires reprennent. On soupçonne Lars Boom d’avoir touché au fruit interdit, cependant on ne le bannit pas car « in Vino veritas » nous explique Vinokourov. Qu’à cela ne tienne, mauvais esprit, sors de ce cortisone ! Badaboom : un Lars, et ça repart. 

La course poursuit son bonhomme de chemin de croix. Pinot, de Haute-Saône mais pas des Charentes, signe un beau chrono « cocorico », digne d’un favori. On a déjà envie de lui enlever son « P » pour que ça fasse Hinault, trente ans de disette plus tard. On s'emballe. Patience, son Tour viendra. 
Juan de Nice, très en cannes, avait déjà fait sa promenade des australiens. Meilleur temps pour le wallaby : c’est la fête du slip kangourou, tout le monde s’en émeut. 
Il ne sera plus battu, malgré la foule qui chante « Je t’aime » à Cancel-Lara Fabian, malgré le tonique Martin, malgré un Tom au four et Dumoulin et malgré ce beau plateau de compas qui roulent furieusement des mécaniques.

Au terme de ce prologue, le premier maillot jaune du Tour de France 2015 est australien. Et il le portera demain matin tout haut aux Pays-Bas. 

Il a le smile Rohan

Quelques conseils pour rester frais

Bien chères lectrices, bien chers lecteurs, qui êtes de plus en plus nombreux sur ce blog malgré les fortes chaleurs (faut-il en déduire que vous êtes jeunes ?), permettez-moi de vous briefer quant à l’étymologie du mot « canicule ». Nonobstant l’étendue de toute votre science, je doute que vous sachiez que « canicule » en latin signifie « petite chienne » et que « petite chienne » désigne l’étoile Sirius et que Sirius se couche et se lève en même temps que le Soleil du 24 juillet au 24 août, ce qui poussa nos Anciens à croire que les grandes chaleurs étaient dues à l’apparition de cette étoile, non pas de mer, ni de David, mais mystérieuse car à chaque apparition, tin tin ! la voilà. Maintenant que vous êtes savants, je vous vois venir avec vos gros jabots, vous allez objecter que « grosse chienne » eût été plus seyant pour parler chaleurs. Je suis bien d’accord.

Quand il fait aussi chaaaauuud cacao, si tu me donnes tes noix de coco, moi je te donne mes ananas, et puis aussi quelques conseils pour jouir à fond de ces rares instants de canicule, car mine de rien c’est que tous les douze ans :
Débranchez vos téléphones mobiles, éteignez vos téléphones fixes, et vice versa, faites-vous injoignables ! Car rien de pire, sérieux ! que tous ces bips et autres petites musiques électroniques qui viennent interrompre les acteurs au milieu du deuxième acte !
En revanche, s’il est un équipement à allumer, après votre femme bien entendu, c’est votre télé ! Allumez-moi tous ces écrans solaires ! Et calez-vous, ma foi, devant le Tour de France qui comme son nom l’indique, part des Pays-Bas cette année ! Mes ami(e)s, savez-vous bien votre bonheur de ne pas faire partie de cette foule bariolée de Lance-Jaja-Merckx partie pour en chier toutes ses tripes un mois durant ? Réjouissez-vous ! Et priez Dieu de n’avoir un jour à vous enrôler dans le peloton. Exécution.
Tout en vous délectant de cette étape de 13,8 km que moi-même je torche en vingt minutes, profitez de votre gourde, mais ne buvez pas ! Ne buvez pas ! De grâce, ne buvez pas ! L’eau surtout est très vivement déconseillée, pour des raisons évidentes d’économie ; il serait tout bonnement irresponsable d’entamer les ressources quand le pire est à venir. Préférez donc à l’heure qu’il est les sodas et autres boissons sucrées ! Chaud, chaud, chaud, chaud cola !
Vous voyez bien qu’en suivant ces conseils à visière, vous pratiquerez une activité physique de canapé au son des vuvuzelas des fans de vélocipède ! Votre dose hebdomadaire de sport délayée dans le plaisir de la gourde et la joie du bidon ! Chapeau ! Encore une fois, nul besoin d’eau. Votre corps en contient déjà 60%. Inutile de vous faire plus lourd que vous n’êtes. Les kilos en trop pèsent tant par les temps qui courent. Par contre, n’hésitez pas à prier votre partenaire de procéder sur vous à l’onction de la sainte crème de Foissiat, la meilleure ici-bas contre les coups de chaud. Oui, la crème fraîche.
Ouvrez grand vos fenêtres, vos stores, vos rideaux, vos volets ! Que la chambre-aère ! Et que les voisins en profitent ! Comme le préconisait Julien d’une voix très Cl-Hair : let the sunshine in !
Et puis merde, coupez la clim, vous pourriez prendre froid, ce serait ridicule.
Allez, brasser de l’air, c’est ma façon à moi de vous rafraîchir !


jeudi 25 juin 2015

Chouchou de Bruxelles

Tandis qu’à la manière d’Alizée la très-moussante DailyCieuse se faisait couler un bain au chaud… ’kay là j’arrête, dans une ambiance tatamisée ; que seul dans sa piaule en ce soir tombant @DansLaMusette comptait les jours qui le séparaient de la route d’Utrecht ; que Guillaume canait, que Jean jeûnait, que Claude sautait – chacun son truc ; le livre que je refermais ce soir-là sur lui-même peignait sur mon visage delonien jusqu’aux oreilles un sourire. C’est de ce livre que je tente de parler à plume haute. C’est comme à voix basse sauf que je-crie.

Le 25 juin, c’est le bon moment je trouve, alors laissez-moi trouver que c’est le bon moment, s’il vous plaît ! pour partager une lecture qui, faute de changer ma vie, y aura quand même laissé des farces. Eh les naturistes ! Pour se poiler sur la plage ! Eh les branchés ! Pour briller en soshiété ! Avant de partir il faudra bien vous munir, de ce bouquin final que vous glisserez avec attention dans vos bagages… Enfin je vais pas non plus vous faire une démo-valise.

Vous l’avez compris, je veux tirer ici un immense coup de chapeau rond rouge à mon chouchou de Bruxelles (si mon chapeau est rouge, c’est pour mieux le voir, mon enfant). Je me souviens de cette cérémonie des César Franc…hement, où vous prononçâtes un texte venu d’ailleurs sur Marc Lavoine et le César du meilleur son. Une langue nouvelle à mes oreilles. Comme une ouverture de possibles. Sincèrement, merci, Monsieur.

Je ne suis pas seul en ma paroisse à prêcher le groodtisme. En ce lendemain de bac, je pense à tous ces djeun’s auxquels je n’appartiens plus vraiment, voire plus du tout, auxquels nos grands lettrés ont parfois du mal à parler (ils font ce qu’ils peuvent). Stéphane De Groodt, c’est le genre de gars qui donne goût. C’est pas rien. Je crois même que les puristes, qui auraient plutôt tendance à l’avoir dans le nez (bien qu’il me semble n’y tenir pas tout à fait, le grand homme) n'hésiteraient pas à lui pardonner ses fautes de temps, pourvu que la vanne les motive ! A mon chevet, Steph’ t’es entre l’Œuvre, d’Emile, et Lucrèce Borgia, de Victor. Solide.

Oula j’attaque sans défense mon cinquième paragraphe, l’occasion peut-être d’émettre un bémol : qui Stéphane De Groodt dévore, la méningite risque. De Groodt, ça se savoure. Minutieusement. Ça commence par se lire, lentement, et pas se comprendre, puis ça se relit, un peu moins lentement, et ça se comprend, un peu mieux. Pourtant, il finit immanquablement par saouler. Mais le lendemain tout est pardonné. C’est reparti pour un tour en absurdie. Et c'est ça qu’est bon.

Plus qu’un kif, plus qu’un trip, plus que des barres ! Une distillation de bel esprit dans nos vies chiantes !

Chut

dimanche 7 juin 2015

Métro de bonheur

Je suis pas-gai dans la rame. Il fait dehors trente-cinq degrés Stalingrad et moi, je suis là, dans ce trou.


Dans ce trou, sur les coups de midi, franchement je n’ai qu’une envie : pleurer, comme une madeleine, comme ils font à Saint-Ouen. Il faut bien pourtant que je prenne mon mal en patience. Dans moins d’une heure on y sera, au parc Monceau ! Francine a eu la riche idée aujourd’hui d’organiser un déjeuner sur l’herbe à la manière d’Edouard. Mais plus je me réjouis de ce futur brillant, plus je me désole, hélas ! de ce présent si terne. « T’en as marre, cadet ? » se moque de moi mon frère. Y a pas pire-aîné.
Il faut dire que ça fait un petit moment ce matin que je sillonne Paris en métropolitain. Pour un gars qui habite rue des Boulets, j’ai couru déjà au marché, quai de la Rapée, acheter des carottes, et du fromage aussi, rue Saint-Moret. C’est notre participation au pique-nique ! On sera nombreux.

Les nerfs à vif, je contiens ma colère avec peine. C’est pas croyable comme c’est toujours la même histoire sur la treize, le traditionnel ralentissement après Saint-Lazare, le fameux bouchon de Liège. En pareils moments, je pense à mes aïeux, avec leur labeur et leurs privations d’un autre siècle, qui me trouveraient bien ridicule à pester de la sorte pour aller glander plus vite. Je pense en particulier à Jean Louis Edgar, qui-naît à Bourg-en-Bresse le 17 février 1803 et qui dans un élan de clairvoyance, bien avant que mon-père-naisse, lui souhaitait déjà la bienvenue.
On en sort enfin de ce trou, mon frère m’accompagne, le temps est radieux, bonne nouvelle ! Les jardiniers de l’avenue-fauchent. Boulevard de Courcelles, devant le pavillon Ledoux, j’aperçois Francine, rousse, svelte, gambettes-à l’air, sublime. Elle s’y reprend à trois fois en me présentant des triplés : « Corentin, c’est l’thon, Richard, le noir et Louis, le blanc ». Et plein d’autres gentilles gens que je ne vais pas citer ! Nous franchissons la porte dorée.
Nous nous mettons bien vite en chasse d’un coin fait-d’herbe où délicatement déposer dans les gerbes nos augustes séants, en prenant garde aux mots de Cambronne malodorants largués par les Kléber du 17e gavés de rosbif. C’est Etienne-Marcel qui déniche le meilleur spot, à l’ombre d’un charme rouge. Raie-au-mur, Sébastien-Paul refuse de s’asseoir à cause des tiques-puces qui sur la-motte-piquaient.
Sur ces pelouses, Fabien, quel peuple ! Des gens comme toi et moi, Monsieur Tout le monde et Madame Toute Blonde venaient ici se vautrer sur la rase-paille dans l’espoir de bronzer un peu… Des petites gens bien normales, sans rien d’exceptionnel. Trop-pas-d’héros. On n’est pas tous des Laumière.
De belles plantes joggeuses que j’eusse-zieutées plus longuement si elles n’allaient pas si vite, me tournaient autour. J’étais sous le charme. Il ne manquait que des lits, là.

Billy, gin à la main, me tire de mes pensées pas du tout violemment en me tendant une bouteille. A Jules, j’offre-un verre de pinard, qu’il accepte, mais connaisseuse, sa mère-rit-de-mon-rouge. « Chavaux rien ! » qu’elle me dit. L’apéro alla bon train et très vite il nous sembla qu’on allait manquer ; Claude-Philibert, mis au courant-but-tôt.
Quand j’ouvre la glacière, car il faut bien se sustenter, c’est fou ! Toute la daube-en-tombe ! Sans faire exprès, Khaled avait apporté des Saint-Jacques, et surtout un jambon de Parme-entier. C’est comme un jambon mais à base de patate ! L’arnaque !


De toute façon je m’en bats-l’lard, de son jambon, je crois que je vais plutôt goûter au mouton en laisse qu’a traîné Horace, du Vernet. Bonté divine ! J’aurais-salé davantage.
Comme dessert il a ramené le Napo, Léon, Léna Wagram de fraises, et Emma les herbes… Je me souviens que Bob, dit l’âne, brayait du-rock à l’infini dans ma tête de mort, que Notre-Dame Deschamps, pressant-Gervais son petit, sur son cœur, changeait sa couche, tandis qu’aux chiottes Didier mirait-beaux ses ballons dans l’eau de Javel… Et que ce soir-là, en retard, les seins-placides, Eva-vint me rejoindre et que nous pique-niquâmes longtemps aux Gobelins avant que j’arrive-au-lit.

vendredi 29 mai 2015

Gare au Roland !

Roland Garros, ou bien RG comme le surnomment Tintin et Milou, est un tournoi de tennis remporté par Chang en 1989 (on a bien fini par le retrouver ce con, au fin fond du Tibet au volant d'une Lotus bleue). 
Ce même tournoi du grand Chelem, plus grand que le Meaulnes et le Manitou paraît-il, se targue de se jouer sur Terre, sous le soleil et la tête dans les étoiles. Et pas n'importe quelle Terre, messieurs-dames : la terre battue. 
D'ocre et de poussière, de rouille et de bosses. Terrain capricieux en constant mouvement, surface lente qui se moque du synthétique figé de l'US Open. Terrain minet où se recoiffent les Kuerten, où les Nadal ajustent leur bandeau, où les glissades laissent des traces de semelles, Nike sa race et Adidas sur mon bidet. Surface terreuse et imprévisible où André s'Agassi, où Jo-Wilfried tomba, où Gilles franchit six monts, où Juan Carlos tenta de faire héros, où Steffy graffe sur les murs, où Martina Hinglisse, où Pete s'empresse, où Pete s'embrasse, où Pete s'embrase, où Marat s'affine. Cette belle terre teintée du sang des adversaires de Rafa, le bras fort, le Armstrong du tennis. Ah, ce parfum de Roland, ces relents de parfait ! C'est d'la balle ! À un point tel que des petits robots indéboulonnables du fond de court, aimantés à la baballe jaune et esclaves dociles des joueurs, sont programmés pour ramasser les erreurs de ces derniers. 

La Porte d'Auteuil floquée BNP Paribas accueille dans ses tribunes le haut Paris. GDF les fait Suez alors on leur donne des ombrelles et des chapeaux. Au premier rang, on parque des princes. Roland c'est Rolex en bas et Tour de France profonde en haut des tribunes. C'est un festival de cannes et de jeux de jambes sur le tapis rouge du court Philippe Chatrier. Roland, c'est un étonnant mélange des gens et des genres. C'est une lutte du jour contre la nuit, comme un cinquième set à 21h. 

Ce qu'on aime encore chez Roland, c'est sa capacité à fédérer autour de Roger, à rassembler des millions sur une quinzaine, à faire battre des coeurs en choeur quand le sain Rafael écoeure encore la concurrence : Andy l'écossais Murray d'Hadrien, Novak le serbe un peu marteau et faucille, Gaël mon fils à retordre… 

Oui, définitivement, cette année comme beaucoup d'autres avant et comme beaucoup d'autres à venir, nous serons là pour voir Nadal, le géant au pied d'agile, remettre son titre en jeu, set et match.

Michael Chang, vainqueur en 1989

dimanche 17 mai 2015

Cannes, l'enfer du Sud

Arenberg, l’enfer du Nord, a ses pavés. Cannes, l’enfer du Sud, a ses briques. Événement sportif phare s’il en est, rien à envier au Six Nations ou au Tour de France, le Festival de Cannes-y-vaut bien la peine qu’on y jette un peu de lumière. Car à Cannes, messieurs dames, petits champions et grandes championnes de ce monde viennent de toutes parts redoubler d’efforts dans des conditions climatiques périlleuses, soumettre leur carcasse de rouille et d’os à rude épreuve, marquer leur territoire, impressionner l’adversaire. C’est un effort physique démesuré, une course effrénée où même les seins tentent de s’échapper. Faut voir ça ! C’est l’ultime répétition avant Roland. Malheur aux vaincus qui resteront sur la paillette.

L’épreuve, surhumaine, consiste à gravir quinze marches. Tous les coups sont permis. Le tapis rouge absorbe le sang tout en en masquant les traces aux âmes les plus sensibles. Quand Lambert-il-sonne le coup de clairon synonyme de départ, c’est une orgie de tissu qui s’agite dans les starting-blocks. C’est à qui s’ébranlera le moins mal. Très vite, Christopher, le maître, aux avant-postes, creuse un écart significatif de trois marches. Le troupeau des poursuivants, emmené par del Toro, crache tous les poumons qu’il peut pour tenter de revenir sur l’homme de tête. Les frères Couenne, trop gras pour suivre la cadence endiablée, lâchent prise. Bien que le parcours soit rectiligne, certains des gros tas-pi-rouges en plus, à force d’en baver, parviennent à se perdre, plus très lucides qu’ils sont, là par exemple y a Miranda qu’erre d’une barrière à l’autre. Richard, bouche bée-rit. Sean peine.

« Arnaud, dépêche-hein ! » gueule Clément en direction de la horde des retardataires. À mi-parcours, les organismes frisent le coma. Nathalie bâille. Dans le peloton, visiblement sûre de ses chances, Lupita-chatte avec Woody, hors d’haleine. Benjamin quant à lui se plaint d’ampoules à ses mille-pieds ; du coup, Natalie le porte, son homme, Natalie Portman. C’est le contraire chez les Palmade, c’est Pierre qui porte Rossy. Au stand de ravitaillement, hystérique, il se nourrit Léonard, d'eau, de câpres, rit haut.

Mais que c'est-doux de toucher au but ! Contre toute attente, Julianne franchit la ligne d’arrivée la première, à l’article de la Moore. Sharon, stone, est contrôlée positive à la coke. Pierre aussi, mais Pierre niait.

On dit que ce qui motive ces mille-vaches à entreprendre une transhumance si douloureuse pour leurs gros sabots, c’est ce plateau télé tout en haut où elles pourront bien nous les brouter. C'est sûr qu’une fois en haut la vie est belle ! Antoine déconne, citant tour à tour Saint Augustin et Saint Stéphane dont la philosophie du Carpet Diem est désormais sur le tapis pour les siècles des siècles. Pour information, le mythe de la caverne, c’est de lui aussi… le mythe De Groodt !

vendredi 8 mai 2015

Surfer la mer, frôler la mort

C'était au retour d'un week-end à l'océan, là où l'eau c'est encore plus grand que la mer. L'Atlantique, pas pacifique pour un sou marin, avait fait pas mal de vagues, entre frasques et bourrasques gorgées d'embruns et d'iode, plus salé que Rabat. Ça tombait bien puisque je m'y étais rendu pour faire du surf, sorte de planche à roulettes sans roulettes mais sur rouleau. De la planche à rouleau, quoi. C'est quelque chose de très christique, finalement, que de marcher sur l'eau et de multiplier les rencontres avec les poissons en prenant des pains, ressuscitant des morts en sortant la tête des abysses désordonnées pour transformer l'eau en vain combat. 
Ça a de la force une vague, croyez moi, ça cogne plus fort que les manies de Pacquiao. 
En réalité, l'océan, c'est ni plus ni moins que la planète Terre qui te gifle et te ramène à ta condition de petit pion faible et infime dans l'immensité de la grosse boule qui flotte dans l'infini noir et étoilé.   
Qu'à cela ne tienne, je ne vous conterai pas mes vagues exploits surfiques, car vous n'oseriez les croire. Ce qui nous importe ici, c'est le retour. Sur l'autoroute rapide et tueuse, sur la terrible highway to hell où l'homme a AC/décédé. Là où j'ai littéralement frôlé la mort.

La pluie, les projections, la monotonie d'un trajet plus droit qu'un i au garde-à-vous. La voie de gauche, la grande vitesse, le cerveau en semi-coma, juste assez éveillé pour survivre. 107.7, autoroute info, la voix imbuvable de France Gall. Suivre le cortège de phares rouges, clignoter, doubler, se rabattre, continuer pendant six heures et répéter la manœuvre jusqu'à bon port. Le bruit des pneus qui embrassent le macadam, la ligne droite toujours, les lignes blanches qui dansent, la voie de gauche encore. Et ces phares étonnamment jaunes au loin. Des phares jaunes ? En face ? Mais ne sont-ce pas des phares rouges que l'on voit depuis le début ? C'est marrant comme ils grossissent vite ces deux grands yeux jaunes. Ils viennent sur nous, on dirait, non ? Allez, il est temps de gueuler. 

"CONTRESENS !"

Le pilote de mon carrosse m'écoute sans réfléchir et balance un immense coup de volant vers la droite. Grande vitesse face à grande vitesse, deux-cent mètres durent moins d'une seconde. Nous frôlons in extremis la voiture et la mort à 130km/h qui à contre-courant ne demandait qu'à nous exploser frontalement dans le capot. Pauvre fou distrait, tu voulais ta mort ou la nôtre ? Arrête-toi vite ducon, avant de tuer.* Je n'ai pas passé un week-end en Vendée pour finir en miettes sous ton inconscience. 

J'étais juste venu surfer.

Spot de surf de BudBud, à Longeville-sur-Mer 

*Après épluchage des faits divers aux alentours des Sables d'Olonne, il semblerait que le décérébré n'ait pas fait de victimes.

mardi 28 avril 2015

Nous avons rencontré le Lilian qui ne rame pas

Photomaton, sur ce blog on n’est pas trop fan. Déjà on trouve le nom très mal choisi puisqu’à part des pompes y a pas grand-chose à mater vu de l’extérieur. L’emplacement des fameuses cabines n’est généralement pas mieux choisi ; en effet, elles sont situées dans des endroits plutôt bondés, par exemple une station de métro, un supermarché, etc. si bien qu’à la vue des guiboles en partie masquées par le rideau, deux ou trois cents passants et deux ou trois cents passantes ne manquent pas de se dire : « Tiens y a un con qui galère dans le Photomaton, on dirait qu’il est en train de chier ». Ils savent bien pourtant que ce sera tôt ou tard de nouveau leur tour d’y retourner au Photomaton, ce produit malheureux du croisement de l’isoloir et du trône ; en attendant ils rient, et ils ont bien raison.

Pouf

S’il y en a un qui rit pas, c’est bien le gland qui est dedans. Il est interdit de rire, dedans. Le premier gay qui rira aura une tapette ! On vous demande même explicitement de faire la gueule. Ne souriez pas, vous êtes filmé ! Ce sont bien les myopes, presbytes et autres casse-couilles qui ont le plus de chance dans cette histoire : sans leurs lunettes qu’il leur faut déchausser, ils sont bien peu sereins au moment de poser mais bien certains d’être moches.

Figurez-vous que dimanche après la messe, mon coblogueur et moi, de passage au Monoprix du coin, fûmes les curieux témoins de vociférations émises avec un drôle d’accent, suisse un peu. Nous tendîmes l’oreille depuis le rayon choux-fleurs et fûmes convaincus que les hurlements provenaient de la cabine Photomaton de l’entrée du magasin. « Encore un qui a foiré ses photos » soufflai-je au cousin. Nous ramenâmes nos fraises intriguées par le ramdam et notâmes qu’un béret gisait aux pieds du monsieur trônant. L’« Alléluia ! » de soulagement qui sortit soudain de la cabine résonna dans tout le magasin. Les photos d’identité sortirent elles aussi, identiques. Nous nous regardâmes éberlués : la gueule de Lilian en cinq exemplaires s'étalait sous nos regards hébétés.

Voice certifiée conforme à l'originale

Qu’est-ce que Lilian Renaud, grand gagnant de The Voice la veille, pouvait bien foutre dans le Photomaton du Monoprix dimanche à onze heures après la messe ? Les hypothèses les plus farfelues traversèrent nos esprits sous le choc. Nouvel embauché à la fromagerie du magasin ? Préparation de la pochette de son prochain album à coups de photos d’identité ? Mais le rideau coulissa et le frère franc-comtois de Line Renaud surgit, beau, fort. Il ramassa ses photos, cinq, le comté bon. Sans bruit de mots, sans l’atome de sa voix, le fromager à pattes molles s’apprêtait à lever l’ancre, quitter le port, salut ! quand Tal l’appela, pour le féliciter sans doute. « Hey baby, bêla le Doubiste, c’est la fête à Mamirolle ! Le malheur des uns fait le bonheur des autres ! Y a ceux qui pleurent, et ceux qui rient ! » Un nouvel appel l’obligea à raccrocher illico. « Oui, oui, coach, je t’entends bien ! » Faut croire qu’elle avait du réseau Zazie, dans le métro.

samedi 11 avril 2015

Poésie du chiotte

Quand t’as bu un verre de trop, rien de tel que les chiottes pour des cuvettes. Je ne sais pas toi mais moi quand je vais aux chiottes, c’est pas pour faire rire les mouettes et les wapitis, c’est pour évacuer. Satisfaire une envie carabinet. Payer en liquide.
Je présente mon laisser-pisser et j’entre, ça sent pas très bon d’ailleurs, c’est pas le but d’un chiotte de sentir bon. Tout pimpant, toiletté à la turque, je me réjouis à l’idée de pouvoir enfin pisser ailleurs que dans un violon. C’est pas grand un violon. J’entre donc, à gauche il y a les traditionnels chiottes assis, de quoi poser son auguste fessard sur des lunettes raie vanne à part. A droite il y a les traditionnels urinoirs qui ne me font en général rire ni noir, ni jaune, ni rien du tout. Faut faire avec, c’est tout. Et comme le disent les triplés de Lionel Vessie, « pisser debout ça les rassure, les z’hommes ».
Je me dirige avec aisance vers le plus beau des pissoirs (aucune envie d’aller à la selle) ; avec le concours de la meilleure braguette de Paris je tire du slop ce qu’il faut et je laisse pisser. Je pisse au tiers payant, en attendant la réforme. « Qui pisse loin ménage ses chaussures », je prends du recul en repensant la larme à l’œil, à ce fameux proverbe vieux comme Vespasien, tandis qu’inconsolable le colosse pleure, pleure (une vraie madeleine), pleure tant, que je ne le sens plus pisser. Si j’étais assis, ce serait le Saint-Siège, Pie, Pie, quel bonheur ! Je pisse-tout-gai ! Quand soudain mes yeux, jamais bien rangés, tombent sur cet écriteau de fortune, au sommet du pissoir :


Comment se retenir ! De louer l’audace ! De la poésie aux chiottes ! Pisse… And love !

Voilà, désolé d’avoir fait tout un papier là-dessus. Faut croire que j’en avais besoin.

mercredi 1 avril 2015

Poison d'avril

Le poisson d'avril est un cas nullard de blague qui cale en bourre. Toute une journée nous bouffons des salades et de la farce qui ne font pas rire les mouettes. Le premier avril, ouvrez les vannes ! Impossible de faire barrage à ces fumisteries, à ces facéties, à ces havresacs, à ces balourdises, à ces galéjades, à ces hâbleries, à ces boutades et à toutes ces formes de rodomontades.
Aussi vrai que le jour du poisson n'est pas le carpe diem mais le vendredi sain, je n'aime pas le premier avril. 

J'aime autant cette farce qu'une dinde.

En avril, Lavigne chante du punk rock pour ado avec sa guitare Hello Kitty. Non mais hello, qui t'es pour oser nous saouler Lavigne ? Tu ne mérites ni diots ni os, et surtout pas vin sur vin.
Tout comme le "C'est une fille d'avril" que nous chante Voulzy. Mais voulzy-vous bien vous taire ? Laurent, en avril ne vous découvrez pas d'une fille. 

Mais je divague à l'amer !

Ils ont l'air de bien se marrer

Le premier avril, si par mégarde je m'égare par Dieu ou de Lyon, c'est surtout à cause du train-train quotidien bouleversé, comme si tout le monde avait pris un rail de cette coke que les dealers locaux motivent à acheter sans le sou et sous le manteau. 
On se force à rire, pire, à faire rire. On colle des poissons, avec des faux filets quand notre voisin tournedos. J'aimerais être bouché pour charcuter toutes ces sottises et ne pas les entendre. 

Pour moi le premier avril n'est pas le jour des sourires mais des sous-rires. Pas celui des fous-rires mais des faux-rires. Faux-culs comme un hippo crazy. Hypocrite comme un hypocondriaque. Un Argan sans son huile. Un malade imaginaire, une marrade imaginaire. Un Harpagon de l'art pas bon. Un avare de mots-lierre, des mots envahissants comme une mauvaise herbe grimpante. Le premier avril devrait mourir sur scène, et son poisson dédié mourir sur le lit de la Seine.

Aussi : pourquoi tant d'aigreur dans ce billet ? Parce qu'à mon goût amer, l'acidité de la plaisanterie n'a pas besoin de jour spécial pour épicer notre quotidien. Oubliez le premier avril, et riez. Riez, bordel !  Tous les jours du calendrier, riez et faites la gueule le premier avril pour en rire ! Allez, riez.

En espérant que ma demande de marrage vous passe la blague au doigt, je vous souhaite, doux lecteurs, une bonne lune de fiel. 

Et voici pour vous un wapiti d'avril, parce que pourquoi pas ? 

samedi 28 mars 2015

Léa

Georges ne pouvait se permettre de manquer l’avant-première parisienne du Journal d’une femme de chambre. Quand il informa Jacqueline, son épouse, de son intention de s’y rendre, elle le regarda d’un œil noir, avant de s’enquérir de ses motivations réelles, et finit franchement par lui faire une scène. De ménage. C’est un comble ! Georges connaissait trop bien Jacqueline pour ne pas s’attendre à sa réaction et n’eut aucun mal à balayer ses arguments, qu’elle formulait pourtant à la pelle.
« Tu y vas pour te rincer l’œil, hein ! Avoue ! » Elle lui passa un savon.
« Mais ma mie, voyons, l’avant-première est une occasion unique d’assister à une interview du réalisateur et des acteurs, d’en savoir plus sur le film, le tournage, etc. Pour un cinéphile de ma trempe…
— C’est ça, fais-toi mousser ! »

Jacqueline n’était pas dupe. Elle savait bien que la condition ciné qua none de cette sortie, c’était Léa. Léa, c’est la fille du patron de Georges. Elle, elle n’en a aucune idée bien sûr qu’elle est la fille du patron de Georges. Georges trouve que c’est dommage. Il a beau s’échiner au boulot, se décarcasser au bureau, demander des nouvelles, tendre des perches, et pas seulement, l’idée de présenter Georges à sa fille n’a jamais traversé l’esprit du boss. C’est dommage. Georges est persuadé qu’ils s’entendraient bien, lui et elle. Semblerait que le dernier Paris Match lui ait échappé.

Quand Georges et Jacqueline pénétrèrent en salle B du MK2 Bibliothèque, elle était quasiment pleine (la salle). Georges s’avança pour constater qu’il restait des places devant sur le côté droit, depuis lesquelles on profiterait de l’actrice mais pas du film. Il hésita longuement, debout dans l’allée, en s’foutant pas mal des regards obliques, et céda à la raison comme souvent ; Georges et Jacqueline prirent place à l’avant-dernier rang, dans l’axe.

L’attente fut longue. Les cadrans des montres ô combien scrutés. Rien.

Toujours rien. « Déjà vingt minutes de retard » dit Jacqueline à l’oreille de Georges. Il fit mine de s’en moquer. Georges et les autres s’étaient résignés à poireauter sans broncher. Quand soudain, dans le dos de Georges, à l’extérieur de la salle, l’air crépite : « Léa ! Léa ! Léa ! Ici ! Léa ! Léa ! Par ici ! Léa ! ». C’est curieux comme au moment de pardonner aux idoles, on ne se souvient même plus de leurs torts, pensa Georges. Georges imagina les flashs flasher et Seydoux céder un instant au plaisir de leur compagnie flatteuse. Un paquet de gens entra dans la salle, par les portes du fond, aussi discrètement que possible pour ne pas perturber le journaliste qui pondait sur scène un laïus structuré pour souhaiter la bienvenue au public. Ce tas de gens qui venaient d’entrer la précédaient. Dans son siège, Georges était maintenant complètement retourné. Ce tas de gens moches lui bouchait la vue. Ils ne s’éparpillèrent que très peu, Georges faisait mille efforts pour tenter de percer leur viande du regard lorsque le laïus du journaliste ne lui parvint plus. Il n’y eut plus dans l’air aucun son. Le temps non plus ne passait plus. Elle le regardait. Fixement.

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Elle le regardait. Fixement. Il la trouva mieux que belle, et le regard qu’elle fixait sur lui, lui donna comme la conscience de son charme à lui. Il se détourna. Il se demande encore pourquoi il se détourna. Pourtant il la voyait toujours. Ses lèvres rouge vif lui avaient fait forte impression. Il se retourna de nouveau pour capter son regard, ce Graal. C’était trop tard. Léa était redevenue cette star, concentrée sur sa descente des marches molles.

Benoît Jacquot réalisa qu’il avait un micro et en profita pour s’adresser à l’actrice en des termes qui plurent beaucoup à Georges : « J’ai fait ce film pour elle, avec elle et grâce à elle ». Les mauvaises langues firent remarquer que Jacquot radotait, forcément.

Léa, qui un instant auparavant se dandinait au bas des marches au sommet de ses hauts escarpins pimpants, fut touchée par l’attention du réalisateur, à s’en figer. Elle bafouilla quelques remerciements charmants à peine audibles, et quand on lui dit qu’il fallait parler plus fort, rapprocher le micro, que sais-je, elle balança un énorme « allô » bien à la mode qui fit rire la salle. Les aléas du direct, quoi ! Léa, pas n’importe laquelle hein, celle qui fait les unes comme pas deux, la Léa qu’est sur tous les fronts et dans toutes les têtes, ne continua guère plus fort, nous souhaitant deux ou trois fois une « belle projection ». Elle nous assura séance tenante avoir mis « tout son cœur » dans ce film et espérait qu’il nous plairait. Ce sera tout. Georges et Jacqueline applaudirent. Benoît Jacquot fit ses adieux à l’arène.

A l’issue du film, Georges repensa à la phrase de l’oncle Benoît et trouva qu’il avait raison.

Le lendemain, Georges lut sur internet que la James Bond Girl trop canon avait dégainé la veille un beauty look à la fois glamour et rétro, qu’elle avait opté pour une élégante robe bleu nuit Miu Miu à coutures apparentes, une paire d’escarpins carmins Prada, un fard à paupières glossy cuivré légèrement pailleté, bref un make-up aux couleurs chaudes afin de booster son look sombre, etc. Georges n’avait pas vu cette Léa-là.

« L’amour est aveugle ! » lui dit Jacqueline en riant. Ils s’embrassèrent.